Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/385

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ration que tant de politiques avoient affectée avant lui, ne lui parut qu’un mot inventé pour dérober la foibleſſe ou l’indolence. Il crut que les empires devoient vouloir tout ce qu’ils pouvoient, & qu’il étoit ſans exemple qu’un état eût pu acquérir la ſupériorité ſur un autre, & ne l’eut pas fait.

Le parallèle de l’Angleterre & de la France l’affermiſſoit dans ſes principes. Il voyoit avec douleur que la puiſſance Angloiſe, fondée ſur un commerce qu’elle pouvoit & devoit perdre, étoit peu de choſe en comparaiſon de la puiſſance de ſa rivale, que la nature, l’art, les événemens, avoient élevée à un degré de force, qui, ſous d’heureuſes adminiſtrations, avoit fait trembler l’Europe entière. Il le ſentit. Dès-lors il réſolut de dépouiller les François de leurs colonies, & de les réduire à la condition où l’affranchiſſement plus ou moins prompt du Nouveau-Monde ramènera toutes les nations qui y ont formé des établiſſemens.

Les moyens pour finir une entrepriſe ſi avancée lui paroiſſoient aſſurés. Tandis que l’imagination des âmes timides prenoit de grandes ombres pour des montagnes, les