Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/39

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époque de ſa vie, des plaiſirs & des biens qu’elle doit amener & qui ne les ſacrifie pas à l’eſpérance d’une vieilleſſe moins laborieuſe, trouve également dans tous les lieux les objets analogues au déſir qu’il éprouve ; ſent que la ſource de ſon plaiſir eſt en lui-même & que ſa patrie eſt par-tout.

Quoique la tranquilité des Bréſiliens n’eût pour baſe des loix d’aucune eſpèce, rien, dans leurs petites ſociétés, n’étoit ſi rare que des diſſenſions. Si l’ivreſſe ou un malheureux haſard enfantaient une querelle & que quelqu’un y périt, le meurtrier était livré aux parens du mort, qui l’immoloient à leur vengeance ſans délibérer. Les deux familles s’aſſombloient enſuite & ſe réconcilioient dans la joie d’un feſtin bruyant.

Tout Bréſilien s’approprioit autant de femmes qu’il vouloit ou qu’il pouvoit s’en procurer, & les répudioit s’il s’en dégoûtoit. Celles qui manquoient à la foi qu’elles avoient jurée étoient, par une coutume aſſez généralement reçue, punies du dernier ſupplice, & l’on ne rioit point de l’homme qu’elles avoient trompé. Les mères, après leur couche, ne gardoient le lit qu’un jour ou deux ;