Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/41

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nature, ſans nuire à ſon bonheur. Dans tous les ſiècles à venir, l’homme ſauvage s’avancera pas à pas vers l’état civilisé. L’homme civilisé reviendra vers ſon état primitif ; d’où le philoſophe conclura qu’il exiſte dans l’intervalle qui les sépare un point où réſide la félicité de l’eſpèce. Mais qui eſt-ce qui fixera ce point ? Et s’il étoit fixé, quelle ſeroit l’autorité capable d’y diriger, d’y arrêter l’homme ?

Les voyageurs étoient reçus au Bréſil avec des égards marqués. Ils ſe voyoient entourés de femmes qui, en leur lavant les pieds, leur prodiguoient les expreſſions les plus obligeantes. On ne négligeoit rien pour les bien traiter : mais c’étoit un outrage impardonnable que de quitter une famille où l’on avoit été accueilli, pour aller chez une autre où l’on pouvoit eſpérer un traitement plus agréable. Cette hoſpitalité eſt un des plus sûrs indices de l’inſtinct & de la deſtination de l’homme pour la ſociabilité.

Née de la commisération naturelle, l’hoſpitalité fut générale dans les premiers tems.

Ce fut preſque l’unique lien des nations ; ce fut le germe des amitiés les plus anciennes,