Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/77

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fidèle à ſes maximes, perſuadé qu’il valoit mieux régner ſur un état ruiné, que de voir dépendre la ſoumiſſion de ſes habitans de leur bonne volonté, les avoit laiſſé dépouiller d’une foule de conquêtes qui leur avoient valu tant de tréſors, de gloire & de puiſſance, achetés par des ruiſſeaux de ſang. Le ſucceſſeur de ce foible prince, plus imbécile encore que ſon père, attaqua à découvert & avec mépris leur adminiſtration, leurs privilèges, leurs mœurs, tout ce qu’ils avoient de plus cher. À l’inſtigation d’Olivarez, il vouloit les pouſſer à la révolte, pour acquérir le droit de les dépouiller.

Ces outrages multipliés, réunirent les eſprits, que l’Eſpagne avoit travaillé à diviſer. Une conſpiration, préparée pendant trois ans avec un ſecret incroyable, éclata le 3 décembre 1640. Philippe IV fut ignominieuſement proſcrit, & le duc de Bragance placé ſur le trône de ſes pères. L’exemple de la capitale entraîna le reſte du royaume, & tout ce qui reſtoit des établiſſemens formés en Aſie, en Afrique & en Amérique dans des tems heureux. Un ſi grand changement ne coûta de ſang que celui de Michel Vaſ-