Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/81

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ſité attachoit inviolablement une infinité de gens à ſes intérêts. Le revers qu’on venoit d’éprouver n’étonna pas ſa grande âme. Sans l’aveu, ſans l’appui du gouvernement, il oſe lever l’étendard de la guerre.

Son nom, ſes vertus & ſes projets, aſſemblent autour de lui les Bréſiliens, les ſoldats Portugais, les colons même. Il leur inſpire ſa confiance, ſon activité, ſon courage. On le ſuit dans les combats ; on ſe preſſe autour de ſa perſonne ; on veut vaincre ou mourir avec lui. Il triomphe, & ne s’endort pas ſur ſes lauriers. Il ne laiſſe pas au vaincu le tems de ſe reconnoître. Quelques diſgrâces qu’il éprouve en pourſuivant le cours de ſes proſpérités, ne ſervent qu’à développer la fermeté de ſon âme, les reſſources de ſon génie, l’élévation de ſon caractère. Il montre un front menaçant, même après le malheur, plus redoutable encore par ſa confiance que par ſon intrépidité. La terreur qu’il répand, ne permet plus à ſes ennemis de tenir la campagne. À ce moment de gloire, Viera reçoit ordre de s’arrêter.

Depuis la trêve, les Hollandois s’étoient emparés, en Afrique & en Aſie, de quel-