Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Romains, lorſqu’on n’oſoit tenter aucune grande entrepriſe, ſans avoir conſulté les entrailles des victimes & les poulets ſacrés ; de nos ancêtres, au tems des croiſades. Voyons, à la place de Vieira, un prophète, une pithoniſſe, un augure, un Bernard ; & la révolution du Bréſil prendra tout-à-coup une couleur ſurnaturelle. Ce ſera Dieu qui, touché de la ſainte hardieſſe d’un perſonnage extraordinaire, aura ſuſcité un vengeur à la nation opprimée.

La paix que les Provinces-Unies ſignèrent quelques mois après avec l’Angleterre, paroiſſoit devoir les mettre en état de recouvrer une importante poſſeſſion, que des vues fauſſes & des circonſtances malheureuſes leur avoient fait perdre. La république & la compagnie trompèrent l’attente des nations. Le traité, qui, en 1661, termina les diviſions des deux puiſſances, aſſura la propriété du Bréſil entier au Portugal, qui s’engagea, de ſon côté à payer aux Provinces-Unies huit millions en argent ou en marchandiſes. Ainſi ſortit des mains des Hollandois une conquête qui pouvoit devenir la plus riche des colonies Européennes du Nouveau--