Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne permirent pas d’abord de la ſatiſfaire. Les eſprits s’étant enfin calmés, Pedro d’Orſua, gentilhomme Navarrois, diſtingué par ſa ſageſſe & par ſon courage, offrit au vice-roi, en 1560, de reprendre cette navigation. Il partit de Cuſco avec ſept cens hommes. Ces monſtres nourris de ſang, altérés de celui de tous les gens de bien, maſſacrèrent un chef qui avoit des mœurs & qui vouloit l’ordre. Ils mirent à leur tête, avec le titre de roi, un baſque féroce nommé Lopès d’Aguirre qui leur promettoit tous les tréſors du Nouveau-Monde.

Échauffés par des eſpérances ſi séduiſantes, ces barbares deſcendent dans l’océan par l’Amazone, & abordent à la Trinité. Le gouverneur de l’iſle eſt égorgé, le pays pillé.

Les côtes de Cumana, de Caraque, de Sainte-Marthe éprouvent encore plus d’horreurs, parce qu’elles ſont plus riches. On pénètre dans la Nouvelle-Grenade pour gagner Quito & le ſein du Pérou, où tout devoit être mis à feu & à ſang. Un corps de troupes, aſſemblé avec précipitation, attaque ces furieux, les bat & les diſperſe. D’Aguirre qui ne voit pas de jour à s’échapper, marque ſon dé-