Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/102

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l’on peut conclure que ces nations ne ſauroient avoir aucun rapport ſuivi avec les autres parties du globe.

XIII. De quelle manière on fait la guerre en Guinée.

La guerre n’eſt pas plus combinée que la politique. Nul gouvernement n’a de troupes à ſa ſolde. La profeſſion militaire eſt l’état de tout homme libre. Tous prennent les armes pour couvrir leurs frontières, ou pour aller chercher du butin. Les généraux ſont choiſis par les ſoldats, & le choix eſt confirmé par le prince. L’armée marche, & le plus ſouvent les hoſtilités commencées le matin, ſont terminées le ſoir. L’incurſion du moins n’eſt jamais longue, parce que n’ayant point de magaſins, le défaut de ſubſiſtances oblige de ſe retirer. Ce ſeroit un grand malheur pour ces peuples, qu’on leur enſeignât l’art de tenir la campagne quinze jours de ſuite.

Ce n’eſt point le déſir de s’agrandir qui donne naiſſance aux troubles qui déchirent aſſez ſouvent ces contrées. Une inſulte faite dans une cérémonie, un vol furtif ou violent, le rapt d’une fille, voilà les ſujets ordinaires de la guerre. Dès le lendemain d’une bataille, le rachat des priſonniers ſe fait de part & d’autre. On les échange avec des