Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/104

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bien ordonner la mort de ſon lieutenant, & toute la province l’étranglera à ſon commandement : mais s’il ordonnoit la mort de tous les habitans de la province, perſonne ne voudroit exécuter cet ordre, & ſa volonté ne ſuffiroit pas pour armer une autre province contre celle-là. Il peut tout contre chacun en particulier : mais il ne peut rien contre tous enſemble.

Une autre raiſon qui empêche l’aſſerviſſement des petits états par les grands, c’eſt que ces peuples n’attachent aucune idée à la gloire des conquêtes. Le ſeul homme qui en ait paru touché, étoit un courtier d’eſclaves, qui, dès ſon enfance, avoit fréquenté les vaiſſeaux Européens, & qui, dans un âge plus mûr, fit un voyage en Portugal. Ce qu’il voyoit, ce qu’il entendoit dire, enflamma ſon imagination, & lui apprit qu’on ſe faiſoit ſouvent un grand nom en occaſionnant de grands malheurs. De retour dans ſa patrie, il ſe ſentit humilié d’obéir à des gens moins éclairés que lui. Ses intrigues l’élevèrent à la dignité de chef des Akanis, & il vint à bout de les armer contre leurs voiſins. Rien ne put réſiſter