Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/134

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quelque importance ont pris la route du Niger.

Ce fleuve, qu’on appelle aujourd’hui plus communément Sénégal, eſt très-conſidérable. Quelques géographes lui donnent un cours de plus de huit cens lieues. Ce qui eſt prouvé, c’eſt que, depuis juin juſqu’en novembre, il eſt navigable dans un cours de trois cens vingt lieues. La barre qui couvre l’embouchure de la rivière, n’en permet l’entrée qu’aux navires qui ne tirent pas plus de huit ou neuf pieds d’eau. Les autres ſont réduits à mouiller tout auprès, ſur un fond excellent. C’eſt du fort Saint-Louis, bâti dans une petite iſle peu éloignée de la mer, que leur ſont apportées, ſur des bâtimens légers, leurs cargaiſons. Elles ſe bornent aux gommes recueillies dans l’année & à douze ou quinze cens eſclaves. Les gommes arrivent de la rive gauche, & les eſclaves de la droite, la ſeule qu’on puiſſe dire peuplée, depuis que les tyrans de Maroc ont étendu leur férocité juſqu’à ces contrées.

Depuis que la pacification de 1763 a alluré à la Grande-Bretagne la poſſeſſion du Sénégal, que ſa marine avoit conquis durant