Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/168

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pur, auſſi glorieux que celui dont la nation t’a vu jouir ! Et dans quels lieux encore ? Sur une mer, ſur une terre que trois ſiècles ont à jamais ſouillée d’un infâme trafic de crimes & de malheurs, d’hommes échangés pour des armes, d’enfans vendus par leurs pères. On n’a pas aſſez de larmes pour déplorer de pareilles horreurs ; & ces larmes ſont inutiles !

En 1754, le commerce de Guinée fut ouvert à tous les citoyens, à condition qu’ils paieroient 12 livres au fiſc, pour chaque nègre qu’ils introduiroient dans les iſles Danoiſes du Nouveau-Monde. Cette liberté ſe réduiſit, année commune, à l’achat de cinq cens eſclaves. Une pareille inaction détermina le gouvernement à écouter, en 1765, les ouvertures d’un étranger qui offroit de donner à ce vil commerce l’extenſion convenable, & on le déchargea de l’impôt dont il avoit été grevé. La nouvelle expérience fut tout-à-fait malheureuſe, parce que l’auteur du projet ne put jamais réunir au-delà de 170 000 écus pour l’exécution de ſes entrepriſes. En 1776, il fallut revenir au ſyſtême abandonné onze ans auparavant.