Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/232

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dogmes ſanguinaires. Qu’elle rentre dans le néant, ou qu’à la face de l’univers, elle déſavoue les atrocités dont on la charge. Que ſes miniſtres ne craignent pas de montrer trop d’enthouſiaſme, dans un tel ſujet. Plus leur âme s’enflammera, mieux ils ſerviront leur cauſe. Leur crime ſeroit de reſter calmes & leur tranſport ſera ſageſſe.

Le défenſeur de l’eſclavage trouvera, nous n’en doutons point, qu’on n’a pas donné à ſes raiſons toute l’énergie dont elles étoient ſuſceptibles. Cela pourroit être. Quel eſt l’homme de bien qui proſtitueroit ſon talent à la défenſe de la plus abominable des cauſes, qui emploieroit ſon éloquence, s’il en avoit, à la juſtification de mille aſſaſſinats commis, de mille aſſaſſinats prêts à commettre ? Bourreau de tes frères, prends toi-même la plume, ſi tu l’oſes, calme le trouble de ta conſcience, & endurcis tes complices dans leur crime. J’aurois pu repouſſer avec plus de force & plus d’étendue les argumens que j’avois à combattre ; mais en valoient-ils la peine ? Doit-on de grands efforts, toute la contention de ſon eſprit, à celui qui parle de mauvaiſe-foi ? Le mépris du ſilence ne conviendroit-il pas