Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/251

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teur intelligent en auroit-il ſu profiter pour ſe procurer des fruits paſſables : mais on ne trouve pas de ces hommes dans les colonies. Si nos plantes potagères y ont réuſſi ; ſi elles ſont toujours renaiſſantes, toujours vertes, toujours mures ; c’eſt qu’elles n’ont pas eu à lutter contre le climat où elles rencontroient une terre humide & pâteuſe qui leur eſt propre ; c’eſt qu’elles n’exigeoient pas le moindre ſoin. Les ſueurs des eſclaves arroſent des productions plus utiles.

XXVI. Les eſclaves ſont d’abord occupés de leur ſubſiſtance. On leur demande enſuite de riches productions.

On a tourné les premiers travaux de ces malheureux vers les objets néceſſaires pour la conſervation de leur misérable exiſtence. Avant leur arrivée aux iſles, croiſſoient, ſans ſoin, au milieu des forêts, la patate & l’igname. La patate eſt une eſpèce de liſeron, qui s’élève peu-à-peu ; dont les feuilles ſont alternes, anguleuſes, en cœur ; dont la fleur eſt ſemblable pour la forme & le nombre des parties à celle du liſeron ordinaire. La tige de l’igname eſt grimpante, herbacée, garnie de feuilles opposées ou alternes, taillées en cœur, qui laiſſent échapper de leur aiſſelle des épis de fleurs mâles ſur un pied, femelles ſur un autre, munies chacune d’un calice à