Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/302

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glorieuſe aux Eſpagnols, ſi elle n’avoit pas été avantageuſe aux Antilles.

La gloire eſt un ſentiment qui nous élève à nos propres yeux, & qui accroît notre conſidération aux yeux des hommes éclairés. Son idée eſt indiviſiblement liée avec celles d’une grande difficulté vaincue, d’une grande utilité ſubséquente au ſuccès, & d’une égale augmentation de bonheur pour l’univers ou pour la patrie. Quelque génie que je reconnoiſſe dans l’invention d’une arme meurtrière, j’exciterois une juſte indignation ſi je diſois que tel homme ou telle nation eut la gloire de l’avoir inventée. La gloire, du moins ſelon les idées que je m’en ſuis formées, n’eſt pas la récompenſe du plus grand ſuccès dans les ſciences. Inventez un nouveau, calcul ; compoſez un poëme ſublime ; ayez ſurpaſſé Cicéron ou Démoſthène en éloquence, Thucydide on Tacite dans l’hiſtoire ; je vous accorderai la célébrité, mais non la gloire. On ne l’obtient pas davantage de l’excellence du talent dans les arts. Je ſuppoſe que vous avez tiré d’un bloc de marbre, ou le Gladiateur, ou l’Apollon de Belvédère ; que la Tranſfiguration ſoit ſortie