Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/315

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des fleuves de ſang. Quand on a reconnu que ce ſang ne produit rien, ou qu’à meſure qu’il groſſit dans ſon cours, il dépeuple les terres, & ne laiſſe que des déſerts ſans vie & ſans culture ; alors on convient de modérer un peu la ſoif de le répandre. On établit ce qu’on appelle le droit de la guerre ; c’eſt-à-dire, l’injuſtice dans l’injuſtice, ou l’intérêt des rois dans le maſſacre des peuples. On ne les égorge pas tous à la fois. On ſe réſerve quelques têtes de ce bétail pour repeupler le troupeau de victimes nouvelles. Ce droit de la guerre ou des gens, fait qu’on proſcrit certains abus dans l’uſage de tuer. Quand on a des armes à feu, l’on défend des armes empoiſonnées ; & quand les boulets de canon ſuffiſent, on interdit les balles mâchées. Race indigne du ciel & de la terre, être deſtructeur & tyrannique, homme ou démon, ne ceſſeras-tu point de tourmenter ce globe où tu vis un moment ? Ne finiras-tu la guerre qu’avec l’anéantiſſement de ton eſpèce ? Eh bien ! ſi tu veux le hâter, va donc chercher les poiſons du Nouveau-Monde.

De toutes les régions fociétés en plantes