Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/332

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naturel & néceſſaire des eſclaves, ils ſe multiplièrent. On doit bien penſer que l’Eſpagnol, accoutumé à traiter les Indiens, preſque auſſi blancs que lui, comme des animaux, n’eut pas une meilleure opinion de ces nous Africains qu’il leur ſubſtituoit. Ravalés encore à ſes yeux par le prix même qu’ils lui coûtoient, ſa religion ne l’empêcha pas d’aggraver le poids de leur ſervitude. Elle devint intolérable. Ces malheureux eſclaves tentèrent de recouvrer des droits que l’homme ne peut jamais aliéner. Ils furent battus : mais ils tirèrent ce fruit de leur déſeſpoir, qu’on les traita depuis avec moins d’inhumanité.

Cette modération, s’il faut appeler ainſi la tyrannie qui craint la révolte, eut des ſuites favorables. La culture fut pouſſée avec une eſpèce de ſuccès. Un peu après le milieu du ſeizième ſiècle, la métropole tiroit annuellement de ſa colonie, dix millions peſant de ſucre, beaucoup de bois de teinture, de tabac, de cacao, de café, de gingembre, de coton, une grande quantité de cuirs. On pouvoit penſer que ce commencement de proſpérité inſpireroit le goût & donneroit les