Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/351

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moraux & phyſiques, qui, dans leur état actuel, font mettre en doute leur utilité.

Des ſecours particuliers & momentanés, ſagement diſpensés par le gouvernement dans le tems de grandes calamités populaires, vaudroient peut-être mieux que des hôpitaux entretenus à perpétuité. Ils préviendroient la mendicité, & les hôpitaux ne font que la fomenter. Ces aſyles du malheur ſont preſque par-tout dotés en biens fonds. Cette nature de propriété eſt ſujette à trop d’embarras & d’infidélité dans ſa geſtion, à trop de viciſſitudes dans ſes produits. Les adminiſtrateurs en ſont permanens. De-là le zèle ſe ralentit ; l’eſprit de fraude & de rapine, ou tout au moins celui d’inſouciance prend ſa place. Ces dépôts ſacrés finiſſent par devenir l’uſufruit de ceux qui les gèrent. L’adminiſtration de ces établiſſemens eſt preſque toujours un myſtère pour le gouvernement & pour le public, tandis que rien ne ſeroit plus honnête & plus néceſſaire que de l’expoſer au grand jour : elle eſt arbitraire, & il faudroit que tous les détails en fuſſent fournis à l’inſpection la plus aſſidue & la plus rigoureuſe. On parle de la