Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/354

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un malheureux pouſſant le cri aigu de la douleur à côté de celui qui exhaloit le dernier ſoupir ; le mourant à côté du mort ; tous s’infectant, tous ſe maudiſſant réciproquement. Dis-nous pourquoi tu n’allas pas offrir ce tableau à l’imagination de la jeune & tendre sœur notre ſouveraine ? Elle en eût été touchée ſans doute : elle eût porté ſon émotion auprès de ſon époux ; & ſes larmes euſſent intercédé pour les malheureux. Quel auguſte uſage à faire de la beauté !

Ainſi, conſerver les hommes, veiller ſur leurs jours, écarter d’eux les horreurs de la misère, eſt une ſcience ſi peu approfondie par les gouvernemens, que même les établiſſemens qu’ils ſemblent avoir fait pour remplir cet objet, produiſent l’effet opposé. Étonnante mal-adreſſe que ne devra pas oublier celui de nos philoſophes qui écrira l’immenſe traité de la barbarie des peuples civilisés.

Des hommes de bronze ont dit que pour empêcher la multiplication, déjà trop grande, des pareſſeux, des inſoucians & des vicieux, il falloit que les pauvres & les malades ne fuſſent pas bien traités dans les hôpitaux.

Certes,