Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/407

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chaleur exceſſive. Dans cet état d’altération, il ſe ſera écoulé bien des ſiècles, avant que le ſol ſoit redevenu propre à nourrir des plantes & ſucceſſivement des arbres. On riſqueroit cependant de s’égarer, en éloignant exceſſivement la révolution. Le peu de terre végétale qu’on trouve dans la Guyane, quoique la décompoſition des arbres y en forme continuellement, dépoſeroit d’une manière victorieuſe contre une antiquité fort réculée.

Dans l’intérieur du pays, le ſol eſt donc & ſera long-tems ingrat. Les terres hautes, c’eſt-à-dire celles qui ne ſont pas ſubmergées ou marécageuſes, ne ſont le plus ſouvent qu’un mélange confus de glaiſe & de craie, où ne peuvent croître que le manioc, les ignames, les patates, quelques autres plantes qui ne pivotent pas : encore pourriſſent-elles trop communément, dans la ſaiſon des grandes pluies, parce que les eaux ne peuvent pas filtrer. Dans les terres même qu’on eſt réduit à regarder comme bonnes, les cafiers, les cacaotiers, les cotonniers, tous les arbres utiles n’ont qu’une durée fort courte & inſuffiſante pour récompenſer