Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/422

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verſes. Tels ſont les progrès de l’eſprit de commerce, qu’il fait taire tous les préjugés de nation ou de religion devant l’intérêt général qui doit lier les hommes. Qu’eſt-ce que ces vaines dénominations de Juifs & de Chrétiens, de François ou de Hollandois ? Malheureux habitans d’une terre ſi pénible à cultiver, n’êtes-vous pas frères ? Pourquoi donc vous chaſſer d’un monde où vous n’avez qu’un jour à vivre ? Et quelle vie encore que celle dont vous avez la folle cruauté de vous diſputer la jouiſſance ! Tous les élémens, le ciel & la terre, n’ont ils pas aſſez fait contre vous, ſans ajouter à tous les fléaux dont la nature vous environne, l’abus du peu de ſorte qu’elle vous laiſſe pour y réſiſter ?

Paramabiro, chef-lieu de la colonie, eſt une petite ville agréablement ſituée. Les maiſons y ſont jolies & commodes, quoique conſtruites ſeulement de bois ſur des briques apportées d’Europe. Son port éloigné de cinq lieues de la mer, laiſſe peu de choſe à déſirer. Il reçoit tous les navires expédiés de la métropole pour l’extraction des denrées.

La ſociété à laquelle appartient ce grand