Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/436

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part & d’autre, de la rive d’un fleuve à la rive opposée, du rivage d’une mer à l’autre rivage ; que la protection ſtipulée venant à ceſſer, l’obéiſſance & les ſecours promis étoient ſuſpendus de droit ; que ſi les ſecours étoient exigés, lorſque la protection ceſſoit, l’adminiſtration dégénéroit en brigandage tyrannique ; qu’on étoit diſpensé du ſerment de fidélité envers elle, qu’on étoit libre de s’affranchir d’un mauvais maître & de s’en donner un autre ; qu’on rentroit dans l’état de liberté abſolue, & qu’on recouvroit la prérogative d’inſtituer telle ſorte de gouvernement qu’on jugeroit le plus convenable. D’où ils ont conclu que leurs ſujets du Nouveau-Monde avoient autant de droit que ceux de l’ancien à ne dépendre que du gouvernement, & que leurs colonies ſeroient plus floriſſantes ſous la protection immédiate de l’état que ſous une protection intermédiaire. Le ſuccès a généralement démontré la ſolidité de ces vues. On ne voit que les Provinces-Unies qui ſoient reſtées fidèles à leur premier plan. Cet aveuglement ne ſauroit durer. Lorſqu’il ſera diſſipé, la révolution ſe fera ſans ſecouſſe, parce qu’aucun des corps qu’il faut anéantir n’a intérêt à la