Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/64

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qu’une foible garde de timides nègres. C’eſt avec ceux de ſes eſclaves qu’il lui plaît d’appeler, dans l’occaſion, ſous le drapeau, qu’il fait uniquement la guerre. Ses forces maritimes ne ſont guère plus impoſantes. Elles ſe réduiſent à trois frégates, deux demi-galères, trois chebecks & quinze galiotes. La piraterie a été juſqu’ici leur occupation unique. On croiroit que ce brigandage va finir, s’il étoit raiſonnable de compter ſur la foi d’un tyran, ou d’eſpérer que ſes ſucceſſeurs prendront enfin quelques ſentimens humains. Dans une région, ruinée ſans ceſſe par des vexations ou des maſſacres, le revenu public doit être peu de choſe. Cependant les dépenſes ſont encore moindres. Ce qu’on peut épargner va groſſir un tréſor immenſe, très-anciennement formé des dépouilles de l’Eſpagne, & toujours accru par une longue ſuite de ſouverains, plus ou moins cruels, qui comptoient l’or pour tout, & pour rien le bonheur des peuples.

Cette ardente ſoif des richeſſes eſt deſcendue du trône aux conditions privées. Il part tous les ans de la ville de Maroc,