Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/92

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qu’en reſteroit-il ? Qui eſt-ce qui nous a parlé du climat, du ſol, des productions, des quadrupèdes, des oiſeaux, des poiſſons, des plantes, des fruits, des minéraux, des mœurs, des uſages, des ſuperſtitions, des préjugés, des ſciences, des arts, du commerce, du gouvernement & des loix ? Que connoiſſons-nous de tant de nations anciennes qui puiſſe être de quelque utilité pour les nations modernes ? Et leur ſageſſe & leur folie ne ſont-elles pas également perdues pour nous ? Leurs annales ne nous inſtruiſent jamais ſur les objets qu’il nous importe le plus de connoître, ſur la vraie gloire d’un ſouverain, ſur la baſe de la force des nations, ſur la félicité des peuples, ſur la durée des empires. Que ces beaux diſcours d’un général à ſes ſoldats, au moment d’une action, ſervent de modèles d’éloquence à un rhéteur, j’y conſens ; mais quand je les ſaurai par cœur, je n’en deviendrai ni plus équitable, ni plus ferme, ni plus inſtruit, ni meilleur. Le moment approche où la raiſon, la juſtice & la vérité vent arracher des mains de l’ignorance & de la flatterie une plume qu’elles n’ont tenue que trop