Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/113

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ſa ceinture. Ces précautions ceſſèrent, lorſque les deux nations ſe furent rapprochées : mais celle dont l’amitié & la bienveillance avoient été implorées, abuſa ſi fort de ſa ſupériorité, pour étendre ſes uſurpations, qu’elle ne tarda pas à rallumer dans le cœur de l’autre une haine mal éteinte. Les ſauvages, dont le genre de vie exige un territoire vaſte, ſe trouvant chaque jour plus reſſerrés, eurent recours à la ruſe, pour affoiblir un ennemi, contre lequel ils n’oſoient plus employer la force. Ils ſe partageoient en petites bandes ; ils épioient les François qui fréquentoient les bois ; ils attendoient que le chaſſeur eût tiré ſon coup ; & ſans lui donner le tems de recharger ſon fuſil, ils fondoient ſur lui bruſquement & l’aſſommoient. Une vingtaine d’hommes avoient diſparu, avant qu’on eût ſu comment. Dès qu’on en fut inſtruit, on marcha contre les agreſſeurs ; on les battit ; on brûla leurs carbets ; on maſſacra leurs femmes, leurs enfans ; & ce qui avoit échappé à ce carnage, quitta la Martinique en 1658, pour n’y plus reparoître.

XX. Premiers travaux des François à la Martinique.

Les François, devenus par cette retraite, ſeuls poſſeſſeurs de l’iſle entière, occupèrent