Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cultivé. Il dut moins cependant à ſon ancienneté qu’à ſes commodités, l’avantage de devenir le point de communication entre la colonie & la métropole. Saint-Pierre reçut d’abord les denrées de certains cantons, dont les habitans ſitués ſur des côtes orageuſes & conſtamment impraticables, ne pouvoient faire commodément leurs achats & leurs ventes ſans ſe déplacer. Les agens de ces colons n’étoient dans les premiers tems que des maîtres de bateau, qui s’étant fait connoître par leur navigation continuelle autour de l’iſle, furent déterminés par l’appât du gain, à prendre une demeure fixe. La bonne-foi ſeule étoit l’âme de ces liaiſons. La plupart de ces commiſſionnaires ne ſavoient pas lire. Aucun d’eux n’avoit ni livres, ni regiſtres. Ils tenoient dans un coffre, un ſac pour chaque habitant dont ils géroient les affaires. Ils y mettoient le produit des ventes ; ils en tiroient l’argent néceſſaire pour les achats. Quand le ſac étoit épuisé, le commiſſionnaire ne fourniſſoit plus ; & le compte ſe trouvoit rendu. Cette confiance, qui doit paroître une fable dans nos mœurs & dans nos jours de fraude & de corruption,