Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/152

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ne reſtoit de reſſource à la colonie que dans les ſauvages : mais le ſuperflu d’un peuple, qui, cultivant peu, n’avoit jamais formé de magaſins, ne pouvoit être conſidérable. On ne voulut pas ſe contenter de ce qu’ils apportoient volontairement eux-mêmes. La réſolution fut priſe de les dépouiller ; & les hoſtilités commencèrent le 6 janvier 1636.

Les Caraïbes ne ſe croyant pas en état de réſiſter ouvertement à un ennemi qui tiroit tant d’avantage de la ſupériorité de ſes armes, détruiſirent leurs vivres, leurs habitations, & ſe retirèrent à la Grande-Terre ou dans les iſles voiſines. C’eſt de-là que les plus furieux repaſſant dans l’iſle d’où on les avoit chaſſés, alloient s’y cacher dans l’épaiſſeur des forêts. Le jour, ils perçoient de leurs flèches empoiſonnées, ils aſſommoient à coup de maſſue tous les François qui ſe diſperſoient pour la chaſſe ou pour la pêche. La nuit, ils brûloient les caſes, & ravageoient les plantations de leurs injuſtes raviſſeurs.

Une famine horrible fut la ſuite de ce genre de guerre. Les colons en vinrent juſqu’à brouter l’herbe, juſqu’à manger leurs propres excrémens, juſqu’à déterrer les cadavres pour