Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/188

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devoit appaiſer. Par cette négligence, Saint-Domingue perdit un grand nombre de braves gens que l’inquiétude éloigna de ſes bords, & un accroiſſement de population qu’auroient pu lui procurer les colons qui lui reſtoient fidèles. La colonie s’eſt long-tems reſſentie, & ſe reſſent peut-être encore d’une faute ſi capitale.

Cette erreur n’empêcha pas que Dogeron dans le court eſpace de quatre ans, ne portât à quinze cens le nombre des cultivateurs qu’il avoit trouvé à quatre cens. Ses ſuccès augmentoient tous les jours, lorſqu’il les vit arrêtés en 1670 par un ſoulèvement dont l’incendie embrâſa la colonie entière. Perſonne ne lui imputa le malheur d’un événement où il n’avoit pas en effet la moindre part.

Lorſque cet homme vertueux fut nommé par la cour de France au gouvernement de la Tortue & de Saint-Domingue, il ne réuſſit à faire connoître ſon autorité, qu’en laiſſant eſpérer que les ports qui lui alloient être ſoumis ne ſeroient pas fermés aux étrangers. Cependant, avec l’aſcendant qu’il prit ſur les eſprits, il établit peu-à-peu dans ſa