Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/201

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l’abus de l’autorité, vit mépriſer des ordres qui n’étoient pas ſoutenus de la force ; il fut même arrêté. Toutes les parties de l’iſle retentiſſoient de cris séditieux & du bruit des armes. On ne ſait où ces excès auroient été pouſſés, ſi le gouvernement n’avoit eu la modération de céder. Pour cette fois, les peuples ne furent point châtiés du délire de celui qui les gouvernoit ; & le duc d’Orléans montra bien, dans cette circonſtance, qu’il n’étoit point un homme ordinaire, en s’avouant lui-même coupable d’une rébellion qu’il avoit excitée par une inſtitution vicieuſe, & qui auroit été sévèrement punie ſous un adminiſtrateur moins éclairé ou moins modéré. Après deux ans de troubles & de confuſion, les inconvéniens qu’entraîne l’anarchie, ramenèrent les eſprits à la paix ; & la tranquilité ſe trouva rétablie, ſans les remèdes violens de la rigueur.

Depuis cette époque, jamais colonie ne mit ſi bien le tems à profit que Saint-Domingue. Ses pas vers la proſpérité furent prompts & ſoutenus. Les deux guerres malheureuſes qui troublèrent ſes mers, ne firent qu’en comprimer le reſſort. Sa force s’en accrut ;