Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/226

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obféderoit ton oreille. Tu ſentirois oſciller la croûte qui te ſoutient. Tu l’entendrois s’entr’ouvrir avec fracas. Tu t’élancerois de la maiſon. Tu courrois éperdu dans tes rues. Tu croirois que les murs de ton habitation, que tes édifices s’ébranlent, & que tu vas deſcendre au milieu de leurs ruines, dans le gouffre creusé, ſinon pour toi, du moins pour tes infortunés deſcendans. La conſommation du déſaſtre qui les attend, ſera plus courte que mon récit. Mais s’il exiſte une juſtice vengereſſe des grands forfaits ; s’il eſt des enfers : c’eſt-là, je l’eſpère, qu’iront gémir dans des flammes qui ne s’éteindront point, les ſcélérats qui, aveuglés par des vues d’intérêt, en ont imposé au trône, & dont les funeſtes conſeils ont élevé le monument d’ignorance & de ſtupidité que tu habites, & qui n’a peut-être qu’un moment à durer.

Saint-Marc, qui n’a que deux cens maiſons, mais agréablement bâties, ſe préſente au fond d’une baie couronnée d’un croiſſant de collines, remplies de pierre de taille. Deux ruiſſeaux traverſent la ville, & l’air qu’on y reſpire eſt pur. On ne compte