Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/230

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dégât de leurs poſſeſſions, nous nous en occupons moins que d’un duel ou d’un aſſaſſinat commis à notre porte. Qu’une vaſte contrée de ce continent éloigné continue d’être dévaſtée par quelque épidémie, on s’en entretient ici plus froidement que du retour incertain d’une petite-vérole inoculée. Que les horreurs de la diſette réduiſent les habitans de Saint-Domingue ou de la Martinique à chercher leur nourriture dans la campagne, ou à ſe dévorer les uns les autres, nous y prendrons moins de part qu’au fléau d’une grêle qui auroit haché les moiſſons de quelques-uns de nos villages. Il eſt aſſez naturel de penſer que cette indifférence eſt un effet de l’éloignement, & que les colons ne ſont pas plus ſenſibles à nos malheurs que nous aux leurs.

Mais, réplique-t-on, nos villes ſont contiguës à nos campagnes. Nous avons ſans ceſſe ſous les yeux la misère de leurs habitans. Nous n’en déſirons pas moins d’abondantes récoltes en tout genre, & l’on ne peut guère pouſſer plus loin le mépris pour l’encouragement, la multiplication & la conſervation du cultivateur. D’où naît cette étonnante

contradiction