Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/240

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ſoient & par l’indifférence du gouvernement.

Rien de bien ne peut donc ſubſiſter parmi les hommes ! Et le riche attaquera l’indigent, même juſques dans ſon aſyle, ſi la préſence du gibet ne le contient. Malheureux ! vous ne connoiſſez pas toute l’atrocité de votre conduite. Si l’on traduiſoit devant vous un de vos ſemblables, convaincu d’avoir ſaiſi pendant la nuit un paſſant à la gorge, & de lui avoir appuyé le piſtolet ſur la poitrine pour avoir ſa bourſe, à quel ſupplice le condamneriez-vous ? Quel qu’il ſoit, vous en méritez un plus grand. Vous joignez la lâcheté, l’inhumanité, la prévarication au vol ; & à quelle eſpèce de vol encore ? Vous arrachez à celui qui meurt de faim, le pain qu’on vous a confié pour lui. Vous dépouillez la misère, abandonnée à votre ſollicitude. Vous la dépouillez, clandeſtinement & ſans péril. L’imprécation que je vais lancer contre vous, je l’étends à tous les adminiſtrateurs infidèles des hôpitaux de quelque contrée qu’ils ſoient, fuſſent-ils de la mienne ; je l’étends à tous les miniſtres négligens, auxquels ils déroberont leurs forfaits ou qui les ſouffriront. Puiſſe l’ignominie,