Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/249

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toutes celles des iſles, d’Amérique, préſentent un ſpectacle bien différent des villes de l’Europe. En Europe, nos cités ſont peuplées d’hommes de toutes les claſſes, de toutes les profeſſions, de tous les âges ; les uns riches & oiſifs, les autres pauvres & occupés ; tous pourſuivant dans le tumulte & dans la foule l’objet qu’ils ont en vue, ceux-ci le plaiſir, ceux-là la fortune, d’autres la réputation ou le bruit du moment qu’on prend ſouvent pour elle, d’autres enfin leur ſubſiſtance. Dans ces grands tourbillons, le choc & la variété des paſſions, des intérêts, des beſoins produiſent néceſſairement de grands mouvemens, des contraſtes inattendus, quelques vertus & beaucoup de vices ou de crimes. Ce ſont des tableaux mouvans, plus ou moins animés à raiſon du nombre des acteurs & par conséquent des ſcènes qui s’y jouent. À Saint-Domingue & dans le reſte de l’archipel Américain, le ſpectacle des villes eſt uniforme & monotone. Il n’y a ni nobles, ni bourgeois, ni rentiers. Elles n’offrent que des ateliers propres aux denrées que le ſol produit & aux différens travaux qu’elles exigent. On n’y voit que des commiſſion-