Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/258

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tranſfuges à leurs voiſins pour la ſomme de 250 livres par tête. Quoique la convention ne fût pas trop exactement obſervée, elle devint un frein puiſſant juſques aux brouilleries qui divisèrent les deux nations en 1718. À cette époque les nègres quittèrent en foule leurs ateliers. Cette perte fît revivre dans l’âme des François le projet de chaſſer entièrement de l’iſle, des voiſins preſque auſſi dangereux par leur indolence même, que d’autres l’auroient été par leur inquiétude. La guerre ne dura pas aſſez longtems pour amener cette révolution. À la fin des troubles, Philippe V ordonna de reſtituer tout ce qu’on pourroit ramaſſer d’eſclaves fugitifs. On les avoit embarqués pour les conduire à leurs anciens maîtres ; lorſque le peuple ſoulevé les remit en liberté, par un de ces mouvemens qu’on ne ſauroit déſapprouver, s’il eût été inſpiré par l’amour de l’humanité, plutôt que par la haine nationale. Il ſera toujours beau de voir des peuples révoltés contre l’eſclavage des nègres. Ceux-ci s’enfoncèrent, dit-on, dans des montagnes inacceſſibles, où ils ſe ſont multipliés au point d’offrir un aſyle