Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

laiſſoit exposés. Tout propriétaire qui trouvoit de la recommandation ou de l’appui, pouvoit impunément garder ſon domaine en friche.

À cette prédilection qui devoit retarder ſenſiblement le progrès des colonies, s’eſt jointe une foule d’arrangemens économiques plus vicieux les uns que les autres. On a d’abord aſſujetti tous ceux à qui l’on donnoit des terres, à y planter cinq cens foſſes de manioc pour chaque eſclave qu’ils auroient ſur leur habitation. Cet ordre bleſſoit également, & l’intérêt des particuliers, en les forçant à cultiver une production vile ſur un terrein qui pouvoit en rapporter de plus riches ; & l’intérêt public, en rendant inutiles les terreins ſecs qui n’étoient propres qu’à ce genre de production. C’étoit un double vice qui devoit diminuer la culture de toutes les denrées. Auſſi la loi qui faiſoit violence à la diſpoſition de la propriété, n’a-t-elle jamais été rigoureuſement exécutée : mais comme on ne l’a pas révoquée, elle eſt toujours un fléau entre les mains de l’adminiſtrateur ignorant, bizarre ou paſſionné, qui voudra s’en ſervir contre les ha-