Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

obligé de s’endetter pour ſoutenir ſa vie, & ſuſtenter ſa terre, ſe trouve encore réduit à payer un impôt pour des eſclaves dont le travail équivaut à peine à leur entretien. Souvent même, il a le chagrin d’être forcé de les envoyer loin de ſon habitation, pour les beſoins imaginaires de la colonie, de les y nourrir à ſes frais, & de les voir périr inutilement, avec la cruelle néceſſité de les remplacer un jour, s’il veut faire revivre ſes fonds languiſſans & comme anéantis.

Le fardeau de la capitation étoit plus peſant encore, pour les habitans abſens de la colonie qu’on condamnoit au triple de cet impôt : ſurcharge d’autant plus injuſte, qu’il n’importoit guère à la France que ſes marchandiſes ſe conſommâſſent dans le ſein du royaume ou dans ſes iſles. Prétendoit-elle empêcher l’émigration des colons ? Ce n’eſt que par la douceur du gouvernement qu’on fixe des citoyens dans un pays, & non par des prohibitions & des peines. D’ailleurs, des hommes qui, ſous un ciel brûlant, avoient accru par des travaux haſardeux la proſpérité publique, devoient avoir la douceur de finir leur carrière dans le