Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/293

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ſfa dépendance. Fatigué de l’importunité des exacteurs, il hait une taxe habituelle ; il en craint l’augmentation. Il cherche en vain la liberté qu’il croyoit avoir trouvée à deux mille lieues de l’Europe. Il s’indigne d’un joug qui le pourſuit à travers les tempêtes de l’océan. Il ronge en murmurant les reſtes de ſon frein, & ne penſe qu’avec dépit à une patrie qui, ſous le nom de mère, lui demande du ſang, au lieu de le nourrir. Otez-lui la vue & l’image de ſes entraves. Que ſes richeſſes ne paient tribut à la métropole qu’en y débarquant : il ſe croira libre & privilégié, lors même que par la diminution de la valeur de ſes denrées, ou par le ſurcroit du prix qu’il mettra à celles d’Europe, il aura réellement porté par contre-coup tout le poids de l’impôt qu’il ignore.

Les navigateurs trouveront un avantage à ne payer des droits que ſur une marchandiſe, qui, déſormais ſans riſque dans toute ſa valeur, ſera parvenue à ſa deſtination, & fera rentrer dans leurs mains le capital de leurs fonds avec le bénéfice. Ils n’auront pas la douleur d’avoir acheté du prince le riſque même du naufrage, en perdant en