Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/300

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déſirée, eſpérée peut-être. L’année ſuivante, il fallut faire la guerre à cette riche colonie ; & ce ne fut qu’après avoir mis aux fers les magiſtrats de l’oueſt & du ſud de l’iſle ; qu’après avoir jonché la terre de cadavres, qu’il fut poſſible de réduire à la ſoumiſſion des cultivateurs, aigris par les vexations d’un gouvernement avide.

Depuis cette époque, malheureuſement gravée en lettres de ſang, tous les habitans des poſſeſſions Françoiſes dans l’autre hémiſphère, ſont de nouveau enrégimentés. Les obligations, que cette eſpèce d’enrôlement impoſe, ont ſouvent varié, & ne ſont pas encore clairement énoncées. Cette obſcurité, toujours dangereuſe dans les mains de chefs, ſans ceſſe occupés du ſoin d’étendre leur juriſdiction, tient le citoyen dans des alarmes continuelles pour ſa liberté, dont on eſt plus jaloux en Amérique qu’en Europe ; elle l’expoſe chaque jour à des vexations. De-là ſuit pour ce genre de ſervitude, une horreur qui ne peut étonner que des tyrans ou des eſclaves. On doit, s’il ſe peut, effacer les impreſſions du paſſé, on doit diſſiper les défiances pour l’avenir.