Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/302

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tous les cœurs, il proteſte contre les abus de l’autorité ; il preſcrit contre les uſurpations des droits du peuple ; il promet aux ſujets la réparation des maux & l’amélioration du bien ; il demande l’une & l’autre aux miniſtres.

LIII. Le partage des héritages eſt-il utilement réglé dans les iſles Françoiſes ?

On doit mettre au rang des choſes qu’il faut réformer, l’uſage établi dans les poſſeſſions Françoiſes du Nouveau-Monde, de partager également, entre des enfans, l’héritage de leur père ; entre des cohéritiers, la ſucceſſion de leur parent.

Nous abhorrons avec tous les hommes raiſonnables, que l’orgueil ou le préjugé n’ont point corrompus, nous abhorrons le droit abſurde de primogéniture, qui tranſfère le patrimoine entier d’une maiſon à un aîné qu’il corrompt, & qui précipite dans l’indigence ſes frères & ſes sœurs, punis comme d’un crime du haſard, qui les a fait naître quelques années trop tard. En ſont-ils moins légitimes ? celui qui leur a donné l’exiſtence eſt-il moins reſponſable de leur bonheur ? Un chef de famille n’eſt que dépoſitaire ; & fut-il jamais permis à un dépoſitaire de diviſer inégalement le dépôt