Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/332

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compliquées que celles de gouvernement ? Qu’auroit donc de mieux à faire une cour qui aimeroit la vérité, que d’encourager tous les eſprits à s’en occuper ? Et quel jugement ſeroit-on autorisé à porter de celle qui en interdiroit l’étude, ſi ce n’eſt ou la méfiance de ſes opérations, ou la certitude qu’elles ſont mauvaiſes ? Le vrai réſumé d’un édit prohibitif ſur ce grand objet, ne ſeroit-il pas : Le souverain défend qu’on lui démontre que son ministre est un imbécile ou un fripon, car telle est sa volonté qu’il soit l’un ou l’autre, sans qu’on y fasse aucune attention. Le conſeil de Verſailles long-tems aveuglé par les ténèbres où il laiſſoit dormir ſa nation, n’a pas encore pu s’éclairer ſur l’adminiſtration qui convenoit le mieux à ſes colonies. Il ne ſait pas encore quel eſt le gouvernement le plus propre à les faire proſpérer.

LVI. L’autorité aux iſles Françoiſes, eſt-elle dans les mains les plus propres à les faire proſpérer ?

Les colonies Françoiſes établies par des hommes ſans aveu, qui fuyoient le frein ou le glaive des loix, ſembloient dans l’origine, n’avoir beſoin que d’une police sévère. On les confia donc à des chefs, dont l’autorité étoit illimitée. L’eſprit d’intrigue naturel