Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/337

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& par leur union. Lorſqu’ils ſe choquoient, ils partageoient les eſprits, ils ſemoient la diſcorde entre leurs partiſans, ils allumoient une eſpèce de guerre civile. Le bruit de leurs diſcuſſions retentiſſoit juſqu’en Europe, où chacun d’eux avoit ſes protecteurs, animés par l’orgueil ou par l’intérêt à les maintenir dans leur place. Lorſqu’ils étoient d’accord, ou parce que leurs vues bonnes ou mauvaiſes ſe trouvoient les mêmes, ou parce que l’un prenoit un aſcendant décidé ſur l’autre, la condition des colons devenoit encore plus fâcheuſe. Quelle que fût l’oppreſſion de ces victimes, leurs cris n’étoient jamais écoutés par la métropole, qui regardoit l’harmonie de ſes délégués, comme la preuve la plus déciſive d’une adminiſtration parfaite.

Le ſort des colonies Françoiſes n’a que peu changé. Leurs gouverneurs, outre la diſpoſition des troupes réglées, ont le droit d’enrégimenter les habitans, de leur preſcrire les manœuvres qu’ils jugent à propos, de les occuper comme il leur plaît pendant la guerre, de s’en ſervir même pour conquérir. Dépoſitaires d’un pouvoir abſolu, libres & jaloux de s’en arroger toutes les fonctions qui peuvent