Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/360

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les périls, le ſang-froid qui les fait ſurmonter ? Lui a-t-elle excluſivement départi le génie qui décide & fixe la victoire ? L’opinion, le préjugé donnent, dit-on, aux hommes de cet ordre, une ardeur pour la gloire, une indifférence pour les richeſſes qui ne ſe trouvent pas dans les autres conditions. Quoi ! ce ſeroit au ſein d’une cour corrompue, dans les décombres d’un château ruiné qu’il faudroit aller chercher de préférence des principes d’élévation ou de déſintéreſſement ? Ah ! croyez que le fils d’un armateur, dont la fortune a couronné les heureux travaux, & qui ne peut avoir d’ambition que celle d’illuſtrer ſon nom, n’eſt pas moins appelé aux actions mémorables, aux grands ſacrifices, que ce jeune noble qui s’environne ſans ceſſe des lauriers de ſes aïeux. Depuis quand le titre qu’on a eſt-il un aiguillon plus puiſſant que le titre auquel on aſpire ? Le premier qui mérita la nobleſſe, qu’étoit-il avant que de l’avoir obtenue ? Mettez à ſa place un de ces illuſtres deſcendans, & il auroit laiſſé roturiers ſes enfans & ſes neveux. La véritable nobleſſe étoit dans le ſang & dans la deſtinée avant que d’exiſter ſur un parchemin. Il faut du