Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/367

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actuellement aſſignés pour la marine, ſe trouveront ſuffiſans pour élever à un degré reſpectable cette branche ſi eſſentielle de votre puiſſance. Il eſt même un moyen très-ſimple de la porter plus haut ſans de nouvelles dépenſes ; & le voici.

La France a formé dans le Nouveau-Monde des colonies qui lui envoient chaque année pour cent trente millions de denrées. Un produit ſi conſidérable ne pourroit lui échapper, ſans laiſſer un vuide immenſe dans ſon numéraire, dans ſa population, dans ſon induſtrie, dans ſon revenu public. L’importance de conſerver ces riches établiſſemens a été ſentie ; & pour y parvenir, on a eu recours à des bataillons, à des fortereſſes. L’expérience a prouvé la foibleſſe de cette défenſe. Elle appartient à la marine, & ne peut appartenir qu’à elle. Qu’on mette donc les iſles ſous ſes voiles, & qu’on verſe dans ſes caiſſes ce que coûtoit la protection inſuffiſante qu’on leur accordoit : alors les fonds ordinaires de la marine de France ſe trouveront ſuffiſans pour donner à ſes opérations de la dignité & des avantages.

Telle eſt l’eſpérance de l’Europe. Elle ne croira pas ſa liberté aſſurée juſqu’à ce qu’elle