Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/376

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le feu des séditions dans ces montagnes du Nord, qui partageoient l’iſle en deux états. Le monarque avoit pris, dès ſon enfance, autant d’éloignement pour l’autorité limitée, que le peuple avoit conçu d’horreur pour le deſpotiſme de la monarchie abſolue. Celle-ci régnoit dans toute l’Europe. Égal des autres ſouverains, comment le nouveau roi n’auroit-il pas ambitionné le même pouvoir ? Ses prédéceſſeurs en avoient joui, depuis un ſiècle, en Angleterre même. Mais il ne voyoit pas que c’étoit un bonheur dont ils avoient été redevables à l’habileté de leur politique, ou à la faveur des conjonctures. Ce prince théologien, croyant tenir tout de Dieu, rien des hommes, voyoit en lui ſeul l’eſprit de raiſon, de ſageſſe, de conſeil ; & ſembloit s’attribuer l’infaillibilité, que la réformation dont il ſuivoit les dogmes ſans les aimer, avoit ôtée aux papes. Ces faux principes, qui feroient du gouvernement un myſtère de religion, d’autant plus révoltant qu’il porteroit à la fois ſur les opinions, ſur les volontés & ſur les actions, s’étoient ſi fort enracinés dans ſon eſprit, avec tous les autres préjugés d’une mauvaiſe éducation,