Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/378

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mercenaires, la plupart des princes acquirent une autorité ſans bornes, opprimant leurs peuples par la force ou par l’intrigue. En Angleterre, l’amour de la liberté ſi naturel à l’homme qui ſe ſent ou qui penſe ; excité dans le peuple, par les novateurs en matière de religion ; réveillé dans les eſprits cultivés par un commerce familier avec les grands écrivains de l’antiquité, qui puisèrent dans la démocratie le ſublime de la raiſon & du ſentiment : cet amour de la liberté alluma dans les cœurs généreux, la haine exceſſive d’une autorité ſans limites. L’aſcendant que ſut prendre & conſerver Eliſabeth, par une proſpérité de quarante ans, retint cette inquiétude, ou la détourna vers des entrepriſes utiles à l’état. Mais on ne vit pas plutôt une branche étrangère ſur le trône, & le ſceptre dans les mains d’un monarque peu redoutable par la violence même de ſes prétentions, que la nation revendiqua ſes droits, & conçut l’ambition de ſe gouverner.

Alors éclatèrent des diſputes vives, entre la cour & le parlement. Les deux pouvoirs ſembloient eſſayer leurs forces, en ſe choquant continuellement. Le prince prétendoit