Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/393

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qui dévoroient le fruit de ſes colonies, n’en étoient exclus. Cette réflexion approfondie & méditée, fit éclore en 1651 ce fameux acte de navigation qui, n’ouvrant qu’au pavillon Anglois l’entrée des iſles Angloiſes, en devoit faire exporter directement toutes les productions dans les pays ſoumis à la nation. Le gouvernement qui preſſentoit & bravoit les inconvéniens de cette excluſion, n’enviſageant l’empire que comme un arbre, crut devoir faire refluer vers le tronc, des ſucs qui ſe portoient avec trop d’abondance dans quelques branches.

Toutefois on ne pourſuivit pas à la rigueur l’obſervation de cette loi gênante. Peut-être les navires marchands de la métropole n’étoient-ils pas aſſez multipliés pour enlever toutes les productions des iſles ? Peut-être craignit-on d’aigrir ces colonies en privant ſubitement leurs rades d’une concurrence qui augmentoit le prix des denrées ? Peut-être les plantations avoient-elles encore beſoin de quelque tolérance pour porter leurs cultures au point où on les déſiroit ? Ce qui eſt sûr, c’eſt que l’acte de navigation ne fut sévèrement exécuté qu’en 1660. À cette épo-