Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/40

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des colonies. On voulut à cette époque qu’il ne pût être déposé que dans les rades du royaume. Cet arrangement en augmentoit néceſſairement le prix, & les étrangers qui le trouvoient ailleurs à meilleur marché, contractèrent l’habitude de l’y aller chercher. Cependant le parti qu’on prit de décharger le ſucre des 3 pour cent qu’il avoit payés à ſon entrée, fut cauſe qu’on conſerva quelques acheteurs. Une nouvelle faute acheva de tout perdre.

Les raffineurs demandèrent, en 1682, que la ſortie des ſucres bruts fût prohibée. L’intérêt public paroiſſoit leur unique motif. Il étoit, diſoient-ils, contre tous les bons principes, que les matières premières allâſſent alimenter les fabriques étrangères, & que l’état ſe privât volontairement d’une main-d’œuvre très-précieuſe. Cette raiſon plauſible fît trop d’impreſſion ſur Colbert. Qu’arriva-t-il ? Leur art reſta auſſi cher, auſſi imparfait qu’il l’avoit toujours été. Les peuples conſommateurs ne s’en accommodèrent pas : la culture Françoiſe diminua, & celle des nations rivales reçut un accroiſſement ſenſible.