Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/400

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la colonie étoit ſans défiance. Mais comme ſi la généroſité devoit toujours être la vertu des malheureux, un des chefs du complot en avertit ſon maître. Des lettres auſſi-tôt répandues dans toutes les habitations, arrivèrent à tems. On arrêta la nuit ſuivante les eſclaves dans leurs loges ; les plus coupables furent exécutés dès le point du jour, & cet acte de sévérité fit tout rentrer dans la ſoumiſſion.

IX. Etat actuel de la Barbade.

Elle ne s’eſt pas démentie depuis ; & cependant la colonie a prodigieuſement déchu de ſon ancienne proſpérité. Ce n’eſt pas qu’on n’y compte encore dix mille blancs & cinquante mille noirs : mais les récoltes ne répondent pas à la population. Elles ne s’élèvent pas dans les meilleures années au-deſſus de vingt millions peſant de ſucre, & reſtent très-ſouvent au-deſſous de dix millions. Encore, pour obtenir ce foible produit, faut-il faire des dépenſes beaucoup plus conſidérables que n’en exigeoit un revenu double dans les premiers tems.

Le ſol de la colonie, qui n’eſt qu’un rocher de pierre calcaire recouvert de fort peu de terre, eſt entièrement usé. Tous les ans il faut l’ouvrir à une allez grande profondeur,