Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/418

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agréables, propres, commodes, ornées d’avenues, de fontaines & de bosquets. Le goût de la vie champêtre, qui s’est plus conservé en Angleterre que dans les autres contrées de l’Europe civilisée, est devenu une sorte de passion à Saint-Christophe. Jamais on n’y sentit la nécessité de se réunir en petites assemblées, pour tromper l’ennui ; & si les François n’y avoient laissé une bourgade où leurs mœurs règnent encore, on n’y connoîtroit point cet esprit de société qui enfante plus de tracasseries que de plaisirs ; qui, nourri de galanterie, aboutit à la débauche ; qui commence par les joies de la table, & finit par les querelles du jeu. Au lieu de ce simulacre d’union, qui n’est qu’un germe de division, les représentans des propriétaires, presque tous fixés en Europe, vivent au nombre de dix-huit cens sur les plantations, dont, par les bras de vingt-quatre à vingt-cinq mille esclaves, ils arrachent dix-huit millions pesant d’un sucre brut, le plus beau du Nouveau-Monde. Ce produit met la colonie en état de fournir aisément aux dépenses publiques, qui ne passent pas annuellement 68 145 liv. 10 sols.