Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/42

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pur néceſſaire. Ce niveau ne pouvoit s’établir qu’avec le tems ; & avant qu’on y fût parvenu, la denrée tomba dans un aviliſſement extrême. Cet aviliſſement, qui provenoit auſſi de la négligence qu’on apportoit dans la fabrication, devint ſi conſidérable, que le ſucre brut qui en 1682 ſe vendoit 14 ou 15 francs le cent, n’en valait plus que 5 ou 6 en 1713.

Il n’étoit pas poſſible que dans cet état de choſes, les colons puiſſent multiplier leurs eſclaves, quand même le gouvernement n’y auroit pas mis des obſtacles inſurmontables par de fauſſes vues. La traite des noirs fut toujours confiée à des compagnies excluſives qui en achetèrent conſtamment fort peu, pour être aſſurées de les mieux vendre. On eſt fondé à avancer qu’en 1698, il n’y avoit pas vingt mille nègres dans ces nombreux établiſſemens ; & il ne ſeroit pas téméraire d’aſſurer que la plupart y avoient été introduits par des interlopes. Cinquante-quatre navires de grandeur médiocre, ſuffiſoient pour l’extraction du produit de ces colonies.

Les iſles Françoiſes devoient ſuccomber naturellement ſous le poids de tant d’entraves.