Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/425

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laiſſé mourir un malade à ſa porte, ſeroit ſuffiſamment puni par l’exécration générale, & s’il ne mériteroit pas d’être traîné au tribunal des loix comme aſſaſſin ? Poſſeſſeur de la Barboude, vous l’êtes de tous ceux à qui vous avez enlevé la ſalubrité de l’air, qui les auroit conſervés ; & ſi vous n’en êtes pas déſeſpéré en mourant, c’eſt que vous braverez au fond du cœur la juſtice divine. Hâtez-vous de rappeler cet impudique repréſentant, qui alarmé pour un sérail de mulâtreſſes, qui fait, dit-on ſes délices, pourſuit à la rigueur l’exécution de votre barbare défenſe.

XVIII. La colonie d’Anguille eſt très-misérable, & ſon ſort ne peut pas changer.

L’Anguille a ſept ou huit lieues de long, ſur une largeur très-inégale, mais qui n’excède jamais deux lieues. On n’y voit ni montagnes, ni bois, ni rivières. Son ſol n’eſt que de la craie.

Quelques vagabonds Anglois s’établirent ſur ce rocher poreux & friable, vers l’an 1650. Après un travail opiniâtre, ils arrachèrent enfin à cette eſpèce de tuf un peu de coton, un peu de millet & quelques patates. Six veines de terre végétale, qu’on découvrit avec le tems, reçurent des cannes qui, dans les meilleures récoltes, ne donnent que